Ce que
je présente est une série d'yeux aux couleurs de
mes filles, une image d'elles, la représentation d'un regard
qui les fera rire, un repère aussi, un signal, une folie,
une curiosité. Pour notre Terre, une occupation
passagère d'un petit morceau de terrain. Mes filles
grandissent aux côtés des arbres, passent leurs
premières années à regarder les
perce-neige et les jonquilles sortir de terre, et attendent,
naturellement, que je vienne les embrasser et les faire rigoler.
Ces
fleurs arrivent et disparaissent, laissant sous elles quelques bulbes
nourriciers prêts pour la saison suivante comme les vestiges
automnaux des premières furies du Printemps, comme les
souvenirs, gais ou douloureux que chacun veut bien mettre dans sa vie,
comme une trace pour les époques à venir, comme
une Résistance au temps qui passe.
L'exposition
d'une œuvre implique une mise en
scène. Quelque soit le message, des forces existent entre
l'œuvre et le lieu, ainsi que dans la tête de
l'artiste pour réunir ces deux entités de
façon convenable, tels deux aimants en opposition.
Là sont les Résistances à la
création qu'il doit savoir dompter par son savoir-faire et
son vécu.
Lucie
s'était arrachée les yeux pour
résister à l'Amour d'un homme